lundi 14 juin 2010
Climat : timides avancées à Bonn
Les négociations qui se sont achevées à Bonn sans avancées significatives. Si des progrès ont été réalisés sur des questions techniques, le texte final issu des deux semaines de négociation laisse les pays émergents une fois encore sceptiques quant aux engagements climatiques et financiers des pays industrialisés. L'issue du prochain sommet de Cancun paraît toujours plus incertaine.
« Le texte présente quelques points faibles », concède Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (UNFCCC), lors de sa dernière conférence de presse. « Il ne s’agit pas d’un document final, il présente une opportunité aux pays de prononcer leurs vues. Des éléments de l’accord (de Copenhague) sont maintenant pleinement intégrés dans le nouveau texte », poursuit-il. Le chef de la diplomatie climatique, ne manque cependant pas l’occasion d’épingler une dernière fois les pays développés : « Il demeure que les engagements pris par les pays industrialisés ne remplissent en aucune mesure la barre des 25-40% (de baisse d’émissions d’ici 2020), un objectif que le IPCC dit procurer une chance de 50% de maintenir une hausse globale des températures en-deçà des 2°C ». C’est à Christiana Figueres, du Costa Rica, de gérer dorénavant les prochaines grandes batailles climatiques qui s’annoncent.
Pas de cadre contraignant
Le texte rédigé par le secrétariat prévoit que les pays développés baissent leurs réductions de 25 à 40% d’ici 2020, sans toutefois mentionner de date de référence. Se projetant dans un horizon plus lointain, il souligne également la nécessité de baisser les émissions globales de 50 à 85% par rapport à celles de 1990 d’ici 2050, un objectif qui engage aussi bien pays émergents que développés. Pour ces derniers, cela signifie qu’ils doivent baisser leurs émissions de 50 à 95% d’ici 2050. Si ces objectifs se montrent de fait plus ambitieux que ceux péniblement négociés à Copenhague, ils n’apaisent en rien les pays émergents qui dénoncent l’absence de cadre légal contraignant les pays développés à baisser leurs émissions. Martin Khor, directeur du South Centre, un think tank pour les pays émergents basé à Genève, se montre cependant satisfait de voir les négociations reprendre leurs cours dans l’enceinte des Nations Unies. Dans son analyse, il souligne que si ce texte devait être adopté, il ne signifierait rien de moins que la « fin effective » de Kyoto, le seul traité international qui oblige légalement les pays développés à réduire leurs émissions. « Le texte dans son état actuel ne prévoit pas de succession au protocole de Kyoto », poursuit-il. De fait, les derniers jours des négociations ont vu organisations et représentants des pays émergents dénoncer le manque de volonté des pays développés à se montrer constructifs. Pire, ils se sont vus accusés de « comptabilité créative et fraude climatique » par les ONG qui n’ont eu de cesse de détailler les stratagèmes comptables leurs permettant de dissimuler leurs émissions.
Gouvernance du Fonds climat
Le plan de financement finalement retenu prévoit de mobiliser 10 milliards de dollars par an pour la période 2010-2012, puis 100 milliards à partir de 2020. Il ressort du texte que le Fonds climat ainsi profilé – et qui conserve des éléments négociés à Copenhague - sera destiné à financer « substantiellement » le programme de reforestation REDD-plus, des mesures d’adaptation au changement climatique ainsi qu’un transfert effectif de technologies vertes, qui implique également la formation dans les pays émergents à ces nouvelles technologies. Là encore, ONG et représentants des pays émergents regrettent l’absence d’architecture légale permettant une attribution effective des aides financières. Par contre, leur satisfaction est tout à fait palpable dès lors que la question de la future gouvernance de ce Fonds climat est abordée : la Banque Mondiale a peu de chances de se voir attribuer la gestion de ce programme de financement. Le texte mentionne en effet la création d’un directoire éligible par la Conférence des parties, directoire où transparence et représentation nationale équitable devront être assurées. « Les Etats-Unis se sont significativement éloignés du modèle privilégiant la Banque Mondiale. Ils se montrent plus flexibles en ce qui concerne les éléments opérationnels », se réjouit Steven Herz de Greenpeace.
Pas de blocage diplomatique donc à Bonn, mais la méfiance entre pays émergents et pays développés reste de mise, d’autant que la fin des négociations se sont vues émaillées d’incidents opposant « pays les plus vulnérables » et pays membres de l’Opec (pays exportateurs de pétrole). Dans ce contexte, Christopher Bals, de l’ONG allemande Germanwatch, tente une analyse finale objective: « Les négociations autour de la protection des forets tropicales, du soutien aux régions les plus affectées par le réchauffement climatique ainsi que sur les transferts de technologie pourront aboutir à Cancun. Parallèlement, un mandat pourrait également voir le jour là-bas pour poser les bases d’un accord légal qui pourrait alors être conclu un an après, en Afrique du sud. Le sommet « Rio-Plus-20 » en 2012 pourrait alors mettre à jour un cadre mondial de croissance verte ». Optimisme ? Irréalisme ? Réponse à Cancun - au plus tôt.
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