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vendredi 11 juin 2010

Thon rouge : la pêche interdite six jours plus tôt que prévu


La pêche industrielle au thon rouge est interdite depuis mercredi soir minuit, en Méditerranée comme dans l'est de l'Atlantique. La Commission européenne a annoncé la fermeture anticipée de cette activité six jours avant la date prévue officiellement.

Ce n'est pas la campagne menée par Greenpeace, au cours de laquelle un militant a été blessé à la jambe, qui a infléchi Bruxelles. Les thoniers senneurs ont simplement «épuisé les quotas qui leur ont été alloués», a expliqué la commissaire européenne en charge de la Pêche. Consciente de ces problèmes, la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale a adopté mercredi une proposition de résolution pour ce poisson.

Cette pêche est ouverte théoriquement pour un mois, du 16 mai au 15 juin. «Compte tenu du mauvais temps que (les pêcheurs, ndlr) ont essuyé les deux premières semaines et qui les a empêchés de travailler, la décision de la Commission signifie que les bateaux battant pavillon de l'UE ont atteint leurs quotas en dix jours», remarque François Chartier, responsable des campagnes pour le thon rouge de Greenpeace. Pour l'association, cela illustre «la surcapacité» de la flotte industrielle européenne des thoniers senneurs (qui capturent les poissons à la surface en pleine eau en les encerclant à l'aide d'un filet).

Réserver ce poisson aux pêcheurs artisanaux ?

Ce constat, la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale l'a fait également. Elle a adopté ce mercredi à l'unanimité la proposition de résolution de Robert Lecou (UMP). «Du fait de la diminution incessante des quotas et des périodes de pêche» cette activité va devenir, «pour les pêcheurs à la senne, économiquement non rentable». Les députés proposent que «ces pêcheurs soient indemnisés pour leur permettre de se réorienter vers d'autres activités».

Le thon rouge serait réservé «aux pêcheurs artisanaux». En contre-partie, la commission souhaite que «les fonds européens accordent un soutien important aux recherches sur le cycle complet d'élevage du thon rouge pour permettre à l'Europe d'occuper les premières places dans ce domaine». Mais ce «vœu» n'est encore qu'une pieuse résolution.

Les chiffres de Bruxelles contestés

Mercredi, la grogne montait chez des pêcheurs français, qui affirment ne pas avoir atteint les quotas. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a demandé à Bruxelles «d'apporter la preuve formelle que les bateaux français (...) ont réalisé l'intégralité de leurs quotas et dans ce cas nous respecterons naturellement la décision». «Soit les navires français n'ont pas pu réaliser leurs quotas et nous demandons à la Commission européenne de laisser les pêcheurs français réaliser les quotas légalement autorisés».

La décision de Bruxelles ne concerne que la pêche industrielle des thoniers senneurs européens : français et espagnols pour l'essentiel, grecs et maltais dans une moindre mesure (l'Italie observe un moratoire pour ses senneurs). En revanche, Bruxelles ne vise ni la pêche artisanale, ni les bateaux battant pavillon tunisien, turc ou libyen, qui vont pouvoir continuer à pêcher.

«L'Artic Sunrise» et le «Rainbow Warrior», les deux navires de l'ONG, ne vont toutefois pas quitter la zone de pêche. Selon Greenpeace, plusieurs armateurs français qui disposent de bateaux immatriculés en Libye pourront continuer leur activité à ce titre.


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