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mercredi 19 mai 2010

Allemagne : le riesling subit le réchauffement climatique


A l'instar de leurs voisins français, les vignerons allemands se trouvent directement confrontés aux impacts du réchauffement climatique : vendanges précoces, forte récurrence des maladies de la vigne, sécheresse… Autant de conséquences qui menacent les grands noms du Riesling.

Surplombant la vallée du Rhin, se dresse le prestigieux domaine Schloss Johannisberg, grand nom du Riesling. Le vin y est cultivé depuis l’an 817, le Riesling depuis plus de trois cent ans. Au milieu du vignoble trône une belle œuvre de forgerie surmontée d’un « 50 » : le chiffre est mythique puisqu’il indique les limites de la frontière nord de la culture de la vigne. Car la règle viticole mondiale veut que la vigne se cultive entre le 30ème et 50ème degré de latitude dans l’hémisphère nord, entre le 30ème et 40eme degré pour l’hémisphère sud. Or, le réchauffement climatique se charge de mettre à mal cette règle ancestrale. Depuis peu, des aventuriers de la vigne ont en effet commencé à planter des vignobles dans des zones se situant dans les 59 degrés de latitude nord. C’est le niveau de Helsinki… De fait, les vignerons allemands doivent faire preuve d’innovation et d’adaptation pour affronter les nouveaux évènements météorologiques.

Hausse du degré d’alcool

« Jusqu’à présent, les vignerons allemands ont figuré parmi les gagnants du réchauffement climatique », relève Hans R. Schultz, chercheur à l’Institut de recherche vinicole de Geisenheim, situé près du domaine Schloss Johannisberg. « La hausse des températures permettant au raisin de développer tout son arôme ». Mais le chercheur apporte vite un bémol de taille : « Lorsqu’il fait chaud et humide pendant trop longtemps, le raison pourrit et le problème des insectes nuisibles grandit. Par ailleurs, nous devons faire face dans notre région à de grandes alternances entre chaud et froid, entre orages violents et période de sécheresse ». Plus préoccupant encore, les vendanges précoces provoquent une hausse du degré d’alcool tout en baissant l’acidité du raisin - une véritable menace pour la typicité du Riesling.

Riesling, Bordeaux, même combat

En France, les vignerons doivent faire face aux mêmes problèmes. Peu avant l’ouverture du sommet de Copenhague, plus de 1000 vignerons français indépendants avaient symboliquement sonné le tocsin à l’intention des négociateurs du sommet. Michel Issaly, président des vignerons indépendants, avait alors souligné le danger planant sur les vins français : « La valeur de nos vins dépend de la spécificité de leur terroir, et ce terroir est mis en danger par les changements climatiques ». Un message qu’appuie une étude de Greenpeace, qui analyse l’impact du changement climatique sur les vins de France. Or, tout comme le long de la vallée du Rhin, les hausses de températures mènent à un plus haut degré d’alcool et à une baisse de l’acidité du raisin dans les domaines français. Là aussi, la typicité des vins français se trouve clairement menacée.

S'adapter

Alors quelles solutions ?

La presse spécialisée allemande cite le cas de Klaus-Peter Keller, connu pour son Riesling, qui n’a pas hésité à planter les premiers cépages Riesling…en Norvège. Aucun autre vigneron n’a poussé la limite géographique aussi loin, d’autres ayant néanmoins tenté leurs chances sur l’île de Sylt, en mer du nord. La démarche est loin de faire l’unanimité dans le monde viticole allemand, même s’il concède le fait qu’il s’agit d’un moyen de s’adapter au réchauffement climatique.

Certains vignerons prônent à l’inverse le retour aux sources, comme c’est le cas du domaine géré par Steffen Christmann. Ce vigneron, héritier d’un domaine existant depuis 1693, explique pourquoi il a préféré reconvertir son domaine dans la culture écologique de la vigne : « La culture écologique de la vigne ne signifie pas autre chose qu’une observation plus intense de la relation entre les phénomènes naturels et les vignes ». Il se montre confiant sur le fait de pouvoir préserver la qualité de son riesling, sachant qu’une terre cultivée écologiquement agit « comme une éponge ». Elle est capable par exemple de mieux capter et préserver l’eau, éludant ainsi la question de l’irrigation extérieure des vignes.

Se situant quelque part entre les deux positions, les vignerons allemands ont su adapter leurs méthodes vinicoles. Si, par le passé, il s’avérait nécessaire de couper les feuilles afin de permettre au soleil de mûrir le raisin, les feuilles restent dorénavant sur les vignes afin de le protéger d’un soleil trop intense - dont les effets sont encore accentués par le positionnement géographique des grands domaines du riesling. Ils bénéficient en effet de l’effet de réverbération du Rhin, qui agit comme un gigantesque miroir sur les vignobles. Certains ont également fait le choix d’autres cépages, comme le « Hélios » ou le « Johanniter », qui ont la réputation d’offrir un feuillage plus épais, donc plus protecteur contre les effets du soleil, et une meilleure protection contre les parasites de la vigne. Tout est bon pour préserver la typicité du riesling.



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