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vendredi 30 avril 2010

Les séquelles de Tchernobyl


24 ans après l'explosion du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, les populations qui vivent encore dans la région continuent de subir les effets de la catastrophe. Les dernières études montrent que la contamination chronique des sols provoque de nombreuses pathologies, particulièrement chez les enfants.

« Tchernobyl est une catastrophe qui dure ; contrairement à ce que l’on pense, le problème continue de croître ». 24 ans après l’explosion du réacteur de la centrale nucléaire, le constat dressé par Yves Lenoir, ancien de Greenpeace et des Amis de la Terre, aujourd’hui président de l’association Enfants de Tchernobyl Bélarus, est alarmant.

En Bélarussie -le pays le plus affecté- 500 000 enfants sont contaminés, et sans doute le double si l’on prend en compte ceux d’Ukraine et de Russie. Sans compter les adultes. « Ces populations ont encore toute une série de symptômes et de maladies dus à une contamination chronique : elles sont victimes de problèmes vasculaires, cardiaques, rénaux ou nerveux.

Une contamination chronique

Car aujourd’hui, les sols sont encore empoisonnés par les substances radioactives. Et avec eux, les aliments qui y poussent, l’eau des nappes phréatiques, ou le poisson des rivières. « Le problème est que le césium 137 est un métal très volatil -ce qui fait que la zone affectée s’étend-, et son taux de décroissance est très faible ; il faut 30 ans pour en diminuer de moitié la radioactivité, ce qui fait qu’elle disparaîtra seulement dans 200 ou 300 ans…

La semaine dernière, des scientifiques russes et ukrainiens, parmi lesquels Alexey Yablokov, ancien conseiller environnemental du président de Boris Eltsine et membre de l’Académie des sciences de Moscou, a présenté ses travaux au Parlement européen, à Strasbourg. Ses recherches, étayées par plus de 5000 articles dont la plupart n'avaient jamais été publiés en anglais, ont été compilées dans un livre publié récemment par l’Académie des Sciences de New York: « Tchernobyl ; les conséquences de la catastrophe pour les populations et l’environnement ».

Il y établit un bilan catastrophique : au total, entre 1986 et 2004, le drame aurait provoqué la mort de près d’1 million de personnes à travers l’Hémisphère Nord (le nuage s’étant propagé jusqu’aux USA et au Canada) dont 112 à 125 000 liquidateurs, ces personnes venues éteindre l’incendie du réacteur puis nettoyer le site.

En plus de l’impact psychologique que peut provoquer la catastrophe et ses conséquences, « il faut savoir que le comportement apathique et le manque de concentration des enfants ainsi que les dépressions, qui ont donné lieu à un taux anormalement élevé de suicides chez les liquidateurs sont aussi dues aux irradiations elles-mêmes », souligne Yves Lenoir. « si l’on compare avec des populations non irradiées, le taux de mortalité (jusqu’à 45 ans) est 3 fois supérieur dans les zones contaminées (10 fois pour la mortalité périnatale), l’espérance de vie beaucoup plus faible et le taux de morbidité (maladie) extrêmement élevé », ajoute-t-il.


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