jeudi 15 avril 2010
Climat : «les divergences existent, certains ont envie d'en découdre»
Alors que la polémique sur le changement climatique enflamme les médias et suscite des interrogations au sein de la population française, Florence Rudolf, sociologue de l'environnement et auteur du livre « Le climat change…et la société ? », revient sur la façon dont la société française aborde ce problème complexe. Entretien.
Comment s’est forgée la conscience française du changement climatique ?
Notre département de sociologie de l’Université de Strasbourg s’est penché sur la question avec l’initiative des « volontaires du climat » du projet « Neudorf zone climatest » qui nous ont sollicités en 2002/2003.
Cette association de quartier voulait sensibiliser la population au changement climatique et à l’effet de serre en organisant différentes manifestations et en constituant un collectif d’habitants qui mesurait sa production de gaz à effet de serre.
A l’époque, en France, en dehors des initiés, le changement climatique n’était pas du tout identifié comme tel par la population, il ne signifiait pas grand-chose et était souvent confondu avec les problèmes de trous dans la couche d’ozone.
La question climatique a ensuite été envisagée plutôt comme un risque global mais surtout comme une question scientifique, qui ne prenait pas sens au quotidien.
Quels ont été les freins à cette prise de conscience?
Le décalage temporaire que nous avons observé entre l’Allemagne et la France nous a permis de voir que les problèmes étaient similaires.
Il existe notamment un problème de traduction de ces questions travaillées par des experts : la difficulté consiste donc à ce qu’elles fassent sens dans la vie quotidienne des gens qui sont confrontés à d’autres formes de violence et à des préoccupations diverses et nombreuses.
Et ensuite, comment les transformer en action, qui plus est collective ? Les politiques ont montré qu’ils ne savaient pas forcément quoi faire de cette information, ni surtout la lier avec cohérence avec les autres mesures ou menaces.
Comment la société se mobilise-t-elle alors sur cette question ?
Les volontaires du climat, que j’ai déjà évoqués, sont une manière de répondre au défi climatique, mais qui présente l’inconvénient de rester cantonnée à l’échelle de la consommation, voire de se limiter à une mobilisation individuelle ou familiale. C’est mieux que rien, mais c’est un peu dérisoire…
Le décalage entre les enjeux et la marge d’action à l’échelle de l’individu est une partie du problème et non des moindres.
Toutes les formes collectives m’apparaissent plus prometteuses, de manière générale, que des approches qui demeurent de l’ordre de l’individu, atomisé, dont la citoyenneté se limite à son pouvoir de consommateur.
Lire la suite: Climat: entretien avec Florence Rudolf
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